mardi 23 septembre 2008

Neverwhere, un nouveau classique


Neverwhere, de Neil Gaiman, fait partie de ces romans qu'on lit plusieurs fois. Au-delà de l'histoire, pour le plaisir d'écouter à nouveau cette petite musique. Gaiman emmène son lecteur dans le Londres d'en bas, celui dont le citadin ignore jusqu'à l'existence, mais qui est pourtant là sous ses yeux. Cette présence du fantastique au sein de même de nos villes modernes de rationnalité, la fine interaction entre ces deux mondes qui s'ignorent, que Gayman sait si bien mettre en scène, font le charme de ce roman.
La plongée de Richard Mayhew dans cet univers, que dans un premier temps il nie, sera parsemée de dangers. MM. Vandemar & Croup, sordides assassins si hauts en couleur, vont le pourchasser impitoyablement.
Un petit extrait pris sur le dragon galactique (http://ledragongalactique.forumpro.fr/) : La scène se passe chez Harrod's, la nuit.

"Richard resta figé sur place, au milieu de la cohue, buvant des yeux le spectacle. C’était du pur délire. Sur ce point, aucun doute. C’était bruyant, c’était vulgaire, c’était fou et c’était, par bien des aspects, tout à fait fabuleux. Les gens discutaient, marchandaient, criaient, chantaient. Ils vantaient et présentaient leurs denrées, et en clamaient la supériorité. De la musique jouait –une dizaine de mélodies différentes, interprétées d’une dizaine de façons différentes sur une vingtaine d’instruments différents, pour la plupart improvisé, imperfectibles et improbables. Richard huma des relents de nourriture. Toutes sortes de provendes : le fumet des currys et des épices semblait prédominer avec, en toile de fond, l’odeur de la viande grillée et des champignons. On avait dressé des étalages à travers tout le magasin, à côté des rayons, et parfois même dessus, là, où, pendant la journée on vendait des parfums, des montres, de l’ambre ou des foulards de soie. Tout le monde achetait. Tout le monde vendait. Richard écouta les cris du marché en commençant à déambuler dans la foule"

19/20

lundi 8 septembre 2008

Petite cuisine et Grande Histoire


Après le piètre Chien du Diable de Fabienne Ferrère, sur lequel je me suis hélas répandu récemment, j'avais promis de revenir à des histoires, à de l'Histoire, plus goutue. Si vous avez faim de grands moments (le congrès de Vienne de 1814 où les nations européennes se déchirent l'empire napoléonien), de grands hommes (Talleyrand, unique, grand serviteur de la France, représentant d'une nation défaite, la défendant avec tout son esprit, si retord et complexe), ce livre vous attend.
Le principal atout de Talleyrand : son cuisinier, Antonin Carême, qui lui permet d'offrir à ses invités stratégiques des repas dignes de l'Olympe. Lorsque Carême est accusé de meurtre, c'est la diplomatie française qui est menacée.
Ce roman, Le Cuisinier de Talleyrand de Jean-Christophe Duchon Doris, met l'eau à la bouche, tant la finesse des mets de Carême est habilement rendue. L'auteur est une fine plume.
Extrait (merci au site Encres Vagabondes pour ce passage, http://www.encres-vagabondes.com/magazine/duchon.htm), portant sur un petit déjeuner que se fait monter la nièce de Talleyrand :

« bol brûlant de chocolat, langues-de-chat cuites au miel et au beurre, un verre d'orgeat et un gâteau aux abricots de la Wachau sortant du four. […] Le gâteau avait fait craquer sa vieille croûte et une lave d'un jaune luisant clapotait entre les lèvres dorées de la chair éclatée, exhalant une odeur chaude d'amande et de fruit qui se répandait dans les escaliers […] ».


L'intrigue policière est quant à elle rondement menée, mais avec moins de saveur. On ne peut pas tout avoir.


Un livre donc à recommander, mais plus pour les férus d'histoire et les gourmets, que pour les détectives en herbe.

14/20

Je vous parlerai prochainement d'autres littératures policières relevées de gastronomie.

mardi 2 septembre 2008

Rentrée des classes

C'est la rentrée. Ma fille entre en première année de maternelle. Je stresse, elle non.
Pour me mettre dans l'ambiance, je vais relire une merveille, un incontournable : Le Petit Nicolas, de Goscinny et Sempé.

Comme toujours chez Goscinny, la lecture peut se faire à plusieurs niveaux et plaire ainsi tant aux enfants qu'aux adultes (comme dans Astérix avec Uderzo, Iznogood avec Tabary, les premiers albums de Lucky Luke avec Morris...). Le Petit Nicolas est un livre fait pour être lu à voix haute. Lisez le à vos enfants, à ceux que vous aimez. L'effet comique n'en est que plus fort.

PS : J'ai relu hier Une Carotte pour Iznogood (Goscinny, Tabary). Un chef d'oeuvre. "Bagdad la sublime connaissait un climat très chaud à la température constante toute l'année, ce qui la rendait fort agréable en hiver et très éprouvante en été."

lundi 1 septembre 2008

Ils sont parmi nous


La différence entre une Guerre des Mondes, de H G Wells, et Marionnettes Humaines, de Robert Heinlein, tient purement de la philosophie de la vie. Chez Wells, les efforts, bien que méritants, sont vains. Face aux immondes créatures extra-terrestres dont l'idée unique est d'annihiler la race humaine, Wells ne sauve ces pitoyables humains que par le biais du destin et la bonne volonté de mère Nature. Chez Heinlein, quand les hommes se battent, ils se prennent également des coups, mais ils ont leur destin en main, et s'ils s'en sauvent c'est grâce à leur pugnacité, leur volonté, et même leur férocité (sic).
Bref, le lecteur sort nettement plus regonflé de la lecture du second. Ce n'est pas la première fois que je fais ici le panégyrique de ce très grand auteur de SF, unanimement reconnu depuis des lustres, mais il le mérite tant.
Marionnettes Humaines est un roman qui ouvre la voie : il a fait plus qu'inspirer des pans entiers de notre culture livresque, télévisuelle et cinématographique contemporaine : Les Envahisseurs, V, l'Invasion des Profanateurs, Invasion Los Angeles... Il est bon de lire ce par quoi tout a commencé.
Le style est vif, rapide (pas mal de similarités avec Jack Vance) et très agréable. Vous ne le regretterez pas.