vendredi 17 juillet 2009

Le Bien Aimé


Bien Aimé par moments, honi à d'autres, Louis XV eut la tâche difficile de prendre la suite de son arrière grand-père, le Grand. Il n'en avait visiblement pas envie. Mal à son aise à Versailles, il en respecta tant l'architecture que l'étiquette par respect pour son illustre prédécesseur. "Je n'aime pas défaire ce que mes pères ont fait".

Egalement par respect, il se conforma scrupuleusement à l'adresse que lui avait faite le grand roi avant de s'éteindre :
"Mignon, vous allez être un grand roi, mais tout votre bonheur dépendra d'être soumis à Dieu et du soin que vous aurez de soulager vos peuples. Il faut pour cela que vous évitiez autant que vous le pourrez de faire la guerre : c'est la ruine des peuples. Ne suivez pas le mauvais exemple que je vous ai donné sur cela : j'ai souvent entrepris la guerre trop légèrement et l'ai soutenue par vanité. Ne m'imitez pas mais soyez un prince pacifique, et que votre principale application soit de soulager vos sujets."

Une volonté première de rapprochement avec la perfide Albion qui amena la France à guerroyer contre son allié espagnol. Des traités de paix désastreux, qu'ils suivent des victoires (Fontenoy) qui ne rapportèrent qu'au roi de Prusse, ou des défaites (le traité de Paris, privant le royaume du Canada, de la Louisiane et de ses comptoirs indiens). Des Parlements conservateurs, rétifs à toute tentative réformiste. Et face à tout cela un roi brave à la guerre mais peu décidé, changeant bien trop fréquemment de ministres pour le suivi d'une politique (écoute-t-on sa favorite, même si elle a le charme et l'esprit de Madame de Pompadour, pour faire ou défaire un cabinet ministériel ?).
Ne seraient dans les quatre dernières années de règne le trio Maupeou, d'Aiguillon, Terray, qui remit le royaume en ordre et les parlements au pas, bien trop tard, le bilan politique serait peu enviable. Ces dernières années, trop courtes et tardives, n'empècheront pas d'ailleurs les germes de la Révolution de se développer.

François Bluche, dans sa biographie de Louis XV, narre tout cela dans une composition élégamment construite, thématique plus que chronologique. L'historien fait froidement et objectivement son travail. On est à l'opposé de l'anecdote piquante et supposée, narrée avec force couleurs par Max Gallo. Toutefois, derrière la rigueur de son oeuvre, l'auteur s'autorise avec bonheur de temps à autres quelques sourires.
Extrait : "Sa Majesté est informée de l'âge de ses limiers et de ses chiens courants. Elle en connaît les noms, les qualités, les manques. A la limite, Louis XV aurait pu se passer de grand veneur."

Un beau livre, brillamment écrit, toutefois ardu de par sa richesse, son austérité relative et son luxe de détail pour l'amateur que je suis.

15/20

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