mardi 25 août 2009

Alter ego


Lire un Tonino Benacquista, c'est déguster une petite gourmandise. De celles qu'on laisse pour la fin du repas, pour la déguster une fois rassasié. Elle passe toute seule, trop vite. Dans le cas de Quelqu'un d'Autre, la gourmandise est passée beaucoup trop vite. J'irais même jusqu'à me demander si par hasard on ne m'aurait pas volé ma fin.

Pour faire référence au billet précédent, autant Hamilton sait décortiquer un champ de force et un générateur à plasma, mais n'a jamais pu forcer la couche de l'épiderme, autant Benacquista nous fait plonger dans les tourments des âmes avec une facilité déconcertante.
Thierry et Nicolas se sont rencontrés sur un cour de tennis. Ils ont poursuivi le match tardivement autour de petits verres de vodka. Pas vraiment malheureux, pas vraiment paumés, la quarantaine insatisfaite, ils se lancent un pari : changer de vie et se retrouver trois ans plus tard au même endroit.

L'un va revivre grâce à l'alcool, source d'épanouissement, de réussite professionnelle et sentimentale, jusqu'à ce que la quantité de sang dans l'alcool atteigne une certaine limite. L'autre va organiser sa disparition et sa renaissance : nouvelle identité, nouveau visage, nouveau métier...
La question sous-jacente : Peut-on devenir un autre, ou finit-on toujours par retomber sur soi ?
Je regrette fort une fin trop rapide à mon goût, peut-être faute d'inspiration, mais qui ne doit pas empécher de se plonger dans cette histoire où le talent de conteur de Benacquista demeure toujours un plaisir.

14/20

mardi 18 août 2009

La curiosité est un vilain défaut


L'humanité a colonisé plus de 600 planètes de notre galaxie, se développant selon une logique concentrique. Point de vaisseaux spatiaux, il a été découvert bien plus simple : un réseau de "trous de ver" ou vortex, permet de se déplacer quasi instantanément entre les planètes colonisées. Ajoutons à cela que l'homme a atteint une quasi immortalité : sa mémoire, sauvegardée, est stockée dans des cliniques, ce qui permet en cas de pépin de refaire un corps où sera reinstallée la mémoire en question. Chirurgie esthétique de pointe, techniques de rejuvenation des corps, implants divers offrant l'accès instantané et rétinien à toute la technique désirable ainsi que des améliorations physiques. L'Homme est beau, l'Homme est jeune. Et il est globalement devenu excessivement paisible.
On est toutefois encore fort loin du Paradis. L'argent rêgne en maître sur ces mondes. Les Grandes Familles, à la tête de planètes entières, font et défont les gouvernements et administrations.

Le hasard a voulu qu'un sombre astronome pointe son télescope vers deux étoiles, situées à 1000 années lumière. Et que ces étoiles brusquement (c'est à dire 1000 ans avant), soient enfermées autour d'un champ de force.
Comment résister à l'envie d'aller voir ce qui s'est passé ? Qui est responsable de cet emprisonnement gigantesque ? Et qui a bien pu être emprisonné ?

La Boite de Pandore.

Peter F Hamilton est réellement doué pour écrire du space opera. Il prend son temps, c'est le moins qu'on puisse dire, à la vue des 1400 pages des deux premiers tomes. Il met en place habilement un monde complexe, une galerie de personnages on ne peut plus riche, où chacun va venir progressivement prendre sa place dans son grand dessein. Pandore Abusée et Pandore Menacée représentent un très bon divertissement, qui sans toucher au génie, reste de très bonne facture. Les descriptions techniques (voyages spatiaux, scènes d'exploration, salles de contrôle...) sont magistrales.
En revanche, et malgré tous mes efforts (et ceux de l'auteur), pas moyen de s'attacher au moindre personnage. Les descriptions froides, quasiment cliniques, de Hamilton, s'adaptent à la grande fresque mais ne permettent pas de pénétrer l'humain. C'est extrêmement dommage.
Le deuxième tome s'achève sur le meurtre d'un personnage que l'on a suivi depuis un bon moment, dont on connaît le parcours, les motivations. Pourtant, j'ai eu beau me faire violence, je n'ai pas ressenti l'ombre d'une émotion. Les nobles sacrifices, les chagrins profonds, Hamilton les évoque, mais il ne sait les faire partager.

Un bon divertissement que je vous conseille si vous aimez les space opera et que vous avez du temps (l'ensemble de la saga représente tout de même quatre pavés).

14/20