mardi 14 décembre 2010

Sombres ennemis

L'Oeil du Monde, tome 2 du cycle de Robert Jordan La Roue du Temps, a marqué à mes yeux le véritable décollage du cycle. Après un tome 1 que j'avais trouvé quelque peu plagié, du moins peu personnel, Jordan confère sa patte propre à son histoire. Une bonne dose de paranoïa, liée à l'omniprésence des agents des Ténèbres dans la population tient efficacement en haleine. Pas uniquement dans la population d'ailleurs :

Extrait, page 35 :
"Au même moment, une bande de corbeaux surgit des arbres au-dessous d'eux, une cinquantaine, non une centaine d'oiseaux noirs montants en spirale dans le ciel. Il se figea dans sa pose accroupie tandis que la bande tournoyait au-dessus des arbres. Les yeux du Ténébreux. M'ont-ils aperçu ? Des gouttes de sueur ruisselèrent sur sa figure.
Comme si une pensée avait soudain jailli dans cette centaine de petits cerveaux, chaque corbeau vira brusquement dans la même direction. Le sud. La bande disparut au-delà de la colline suivante, descendant déjà. A l'est un autre bosquet vomit d'autres corbeaux. La masse noire tourna en cercle par deux fois et partit cap au sud."

Les visites nocturnes du Ténébreux, qui hante les rêves des héros, sont angoissantes : classique phobie du rêve dont on n'arrive pas à se réveiller, et où l'on se retrouve mystérieusement vulnérable.

En revanche, la scène finale de confrontation est assez mal amenée, et étonnamment peu claire. Peut-être est-ce volontaire de la part de l'auteur, qui ainsi conserve une part de mystère à exploiter. Il n'empêche que le résultat est peu satisfaisant.

Quant aux protagonistes, Jordan ne les rend pas très sympathiques. D'aucun dirait qu'il les rend complexes. Je trouve surtout qu'on s'y attache peu, ce qui est dommage vu qu'on les voit beaucoup. Et longtemps.
Car Jordan prend son temps. Il tire à la ligne pourrait-on même dire.
Pourtant, étonnamment, la lecture est rapide et éminemment digeste.

14/20 à cette petite littérature bien agréable.

PS : La couverture n'est en rien liée au roman. Je me suis toujours demandé selon quels critères les éditeurs de Fantasy les sélectionnaient.

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