vendredi 4 mars 2011

Trou de mémoire

Exceptionnel narrateur, que Lois McMaster Bujold. Memory fait suite à la Danse du Miroir, dans le cadre de la Saga Vorkosigan. C'est loin d'en être le meilleur opus. Toutefois, à la différence d'un Robert Jordan, triste tireur à la ligne dont le nombre d'idées originales par roman dépasse rarement les doigts de la main (j'ai le droit de le penser, quatre romans gobés permettent un début d'approche statistique), Bujold n'écrit jamais deux fois la même histoire. Toujours, elle emmène son lecteur sur un sentier nouveau, non seulement pour son œuvre, mais aussi fréquemment dans l'absolu. Qu'il est bon de se dire que voilà une intrigue qui surprend, qu'on ne relit pas pour la nième fois.

Le héros est comme McMaster Bujold les aime : torturé moralement et affaibli physiquement. Une détermination hors du commun fait le reste. Miles, qui vient d'être exclu de la Sécurité Impériale pour faits de trahison, va être amené à se remettre au service de l'Empereur pour enquêter sur le sort de son ancien chef.

Extrait Page 83 (Editions J'ai Lu)
"Illyan n'oubliait jamais rien. Pour la bonne raison qu'il ne le pouvait pas. A une époque reculée, quand il était lui-même un lieutenant de la SecImp, l'Empereur Ezar l'avait envoyé sur la lointaine Illyrica afin de se faire implanter une biochip mémorielle dans le cerveau. Le vieil Ezar avait eu envie d'avoir un magnétophone vivant qui ne répondrait qu'à lui. La technique, alors, en était encore au stade expérimental en raison des quatre-vingt-dix pour cent de cas de schizophrénie iatrogène observés chez les porteurs de la biochip en question. Ezar, sans le moindre scrupule, avait choisi de courir le risque. Du moins avait-il envoyé le jeune officier le courir à sa place. [...]
Miles se demanda quel effet ça faisait d'avoir trente-cinq ans de souvenirs entassés dans la mémoire, aussi frais et vivants que si les événements s'étaient déroulés la veille. Le passé ne serait jamais adouci par la bienheureuse brume de l'oubli. C'était ça, la damnation éternelle ? Pouvoir revivre jusqu'à la folie la moindre erreur commise, en Technicolor et son stéréo ? Rien d'étonnant à ce que les cobayes soient devenus barjots."



Comme on l'imagine, la puce va se détraquer. Et Miles, bien que discrédité, reprendre du service.
Une lecture plaisir qui m'a donné envie de me replonger dans l'excellente Saga Vorkosigan, et ses quatre prix Hugo.

NB : L'auteur a pour point commun avec Agatha Christie, outre le fait d'apprécier particulièrement les intrigues policières, d'avoir un faible avoué pour l'eau de rose. Mais comme moi aussi...

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