mardi 21 août 2012

SF sous acide

Robert Sheckley est un auteur de science-fiction américain à la réputation d'humoriste. Son court roman, Echange Standard, s'il commence de façon à peu près normale (dans la mesure où une histoire rationnelle est racontée et où les nouveaux paragraphes décrivent une action cohérente avec les pages précédentes) sombre rapidement dans la plus totale absurdité. Le thème : Marvin décide pour voyager dans la galaxie d'échanger son corps avec un extraterrestre, le temps de vacances.

Il y a 20 ans, j'avais tenté une première fois de lire ce roman, et j'en étais ressorti convaincu de n'être pas mûr pour tous les types de science-fiction. Je ne le suis toujours pas. Ce bouquin est totalement insupportable, en dépit de l'imagination fertile de son auteur.


Extrait page70, Editions Le Livre de Poche :
"Etant des hommes de leur époque, ni Marvin ni Messire Gules ne prêtèrent attention à ces bruits et à ces spectacles. Sans s'émouvoir, ils passèrent à côté de la Mare aux Immondices, où l'ancien régent venait satisfaire ses folles manies nocturnes ; et sans lui accorder un regard, ils dépassèrent le Gambit du Lion où les petits débiteurs et les enfants malfaiteurs étaient enterrés vifs la tête la première dans du ciment à prise rapide pour servir d'exemple à la populace.
C'était une dure époque, certains diront même cruelle. Les moeurs étaient raffinées, mais les passions avaient libre cours. L'étiquette la plus exquise était observée, mais la mort par la torture était le sort commun de beaucoup. C'était l'époque où six femmes sur sept mouraient en couches, où la mortalité infantile atteignait le pourcentage choquant de 87%, où l'espérance de vie moyenne ne dépassait pas 12,3 ans, où la peste ravageait chaque année la cité, emportant environ les deux tiers de la population, où les guerres de religion continuelles réduisaient de moitié chaque année la population mâle valide - au point que dans certains régiments, on était obligé d'employer des aveugles comme officiers d'artillerie.
Et malgré tout cela, on ne pouvait pas dire que c'était une époque malheureuse. En dépit des difficultés, la population atteignait de nouveaux sommets chaque année, et les hommes aspiraient à de nouvelles audaces."

Deux cents pages de ce tonneau. C'est à hurler.


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