lundi 24 novembre 2014

Dallas, 1963

Le Projet Manhattan (la mise au point de la bombe atomique par les Américains dans le désert du Nouveau Mexique) a conduit à une découverte pour le moins inattendue : la possibilité, pour des matériaux situés au cœur de l’explosion, de remonter dans le temps.

Après plusieurs décennies de mise au point, des êtres humains peuvent désormais être envoyés dans le passé, sans possibilité de retour. Celui qui contrôle le passé détenant les clefs du présent, le voyage dans le temps devient l’enjeu d’une lutte entre grandes puissances. Quand les Etats-Unis décident de monter une mission destinée à sauver JF Kennedy de l’assassinat de Dallas, en 1963, ils se heurtent à des ennemis résolus.


Comme toute histoire jouant sur les paradoxes spatio-temporel, Saving Kennedy, premier roman de Francis Y Barrel, se heurte à des difficultés de vraisemblance : l’histoire est-elle immuable, se défend-elle contre les changements (comme chez Connie Willis), peut-elle être allègrement manipulée (à la façon de Charles Stross dans Palimpseste), des réalités parallèles co-existent-elles ou n’y a-t-il qu’un seul chemin ? Loin de se faire totalement déborder par son scénario comme le regrettable et injustement célèbre Poul Anderson et sa Patrouille du Temps, F Barrel écrit avec rigueur, dans un style réjouissant à l’enthousiasme contagieux, une histoire à la logique interne bien structurée.

Avis Divergent

Divergent (je lis en anglais ces temps-ci, pour ne rien perdre des traits des grands auteurs) de Veronica Roth, est un produit industriel.
Il m'a fallu un certain temps pour me convaincre que je ne relisais pas Hunger Game, dans la mesure où le style des deux auteurs est le même, et le vocabulaire limité afin de ne perdre aucun lecteur.

C'est efficace, et ça se lit bien. Une société divisée en cinq castes aux fonctions distinctes (à la façon du Meilleur des Mondes), une jeune fille qui n'entre pas dans le moule, un chemin initiatique, une bande de jeunes, beaux et sportifs.
Un point fort de Hunger Game était le recours au huis clos (du moins dans le premier tome), qui permettait à l'auteur de pouvoir se concentrer sans trop d'invraisemblance sur son idée principale.
Ici, la société décrite par V. Roth ne tient juste pas debout. Ainsi, les Dauntless (les super guerriers, la caste de l'héroïne, le roman ayant été moins cinématographique si elle avait choisi la caste des fermiers aux grand coeur) vivent séparés des autres factions. Dans la vie, ils sont guerriers. C'est tout. Mais la popote, le ménage, la maintenance, la fabrication des flingues, le réseau informatique... tout se fait tout seul. Une logique d'enfants gâtés.
La société, telle qu'elle est décrite (une vingtaine de nouvelles recrues par an), ne peut compter plus de quelques centaines de membres et n'est, hélas pour le récit, pas viable. C'est toujours la même chose : ou on se sent les épaules pour écrire des récits avec une ampleur épique, ou on choisit un registre plus intimiste. Une technologie extrêmement sophistiquée, sensée être mise au point on ne sait comment, tient le rôle récurrent de Deux Ex Machina, tout au long de l'intrigue.

Quant au puritanisme et au moralisme typiquement yankee, dont ce roman suinte, ils sont assommants.



Je vous assure que j'ai tenté de trouver des points positifs (mis à part l'absence de coupures publicitaires). Ils sont rares.

L'Entité sous la Pyramide

The Fuller Memorandum est le troisième roman du cycle de « La Laverie » de Charles Stross.  Pour mémoire, le premier roman de cette série, le Bureau des Atrocités, est un livre auquel je ne cesse de me référer, et de conseiller, tant je l’ai trouvé brillant.

Mélange d’horreurs lovecraftiennes et de roman d’espionnage, The Fuller Memorandum met aux prises les services secrets de sa Gracieuse Majesté et le SVR (ex-KGB) dans une course aux reliques. Il y a une (très) méchante secte, des horreurs du fond des âges et plein de gadgets électroniques.  Bob Howard, geek obligé de faire un boulot de James Bond, va suivre une piste le long de London Necropolis Railway (qu’on ne visite pas assez lors des séjours à Londres) jusqu’au gigantesque cimetière de Brookwood.

De l’humour, de l’inventivité, une très belle plume, Stross est excellent.


PS : Le roman n’est pour le moment pas traduit en français.